Tu vas voir sale gamin !!
A l’heure où GTA IV fait parler de lui, de la presse spécialisée aux médias de masse, il semble opportun de revenir sur une autre œuvre de chez Rockstar : Bully Scolarship Edition. Sorti en 2006 sur PS2, nommé alors Canis Canem Edit, ce n’est qu’en 2008 que ce GTA-Like des bacs à sable refait surface sur Wii. Heureuse nouvelle, ce qui n’est pas le cas de nombreux wiimakes, puisque le titre n’a rien perdu de sa superbe. Si vous en avez assez de jouer les énièmes porte-flingue pour toutes les mafias de la ville, venez donc découvrir les tribulations d’un sale gosse à la Bullworth Academy. Dès le début vous voilà parachuté dans la peau d’un certain Jimmy Hopkins, petite frappe notoire et graine de voyou, promis à un redressement disciplinaire des plus terribles.
Le collège dans lequel vous tombez, n’est rien d’autre qu’un établissement privé qui résonne à nos oreilles comme le lieu de la dernière chance pour les élèves les plus difficiles. Vous n’avez que 15 ans et pourtant vous trainez comme un tas de casseroles à vos pieds un passé qui ferait pâlir les grands barjots du syndicat du crime. Expulsé d’une bonne dizaine d’établissement, vous êtes contraint par votre mère (cette dernière étant influencée par un beau-père qui vous hait) à intégrer cet internat aux allures de prison. Commencer la vie ainsi, ça n’augure rien de bon. On voit déjà poindre à l’horizon une carrière de gangster toute tracée.
Une vie scolaire difficile
A l’intérieur de cette prison scolaire, votre objectif sera des plus simples : survivre. Et, progressivement, vous imposer au sein de ce collège si singulier. Situé en Nouvelle-Angleterre, on perçoit dès les premières ballades l’architecture spécifique à cette région des Etats-Unis. Une identité fortement imprégnée de la culture anglaise avec ses boiseries, ses uniformes et son goût de la nature. Pas étonnant pour une des régions les plus culturellement fortes des US. C’est à l’intérieur de ce cadre bucolique que vous devrez affronter, un à un, les clans qui régentent la vie scolaire. Et là, Rockstar joue la pleine carte de la caricature.
On retrouve les surdoués binoclards, les sportifs musclés mais idiots, les blousons noirs, etc. Au final, on se retrouve face à un vrai pastiche du film guimauve pour adolescents. Les gens de chez Rockstar reprennent avec délice les personnages stéréotypés de ces productions, les situations convenues (amours, tromperies, le faible contre le fort…) du bon film à l’eau de rose pour mélanger le tout, le tordre et en faire une histoire drôle, cynique et un brin trash comme sait tant le faire le studio. Le jeu prendra également une tournure intéressante avec une rivalité éclatante faite de coups bas entre Jimmy et son meilleur ennemi. Gardons le mystère.
Cours à la carte, ou presque !
Comme Jimmy se trouve en plein collège, il est tenu d’assister aux cours. Et c’est par ce biais que les développeurs nous délimitent le terrain de jeu. En théorie, et toute théorie peut être bafouée c’est connu, vous avez cours le matin de 9h00 à 11h30 et l’après-midi de 13h à 15h30. On voit bien là la souplesse qu’a dut prendre Rockstar vis-à-vis de la reproduction d’une "vraie" journée de collégien. On imagine l’inintérêt dans le cas contraire. Chacune de ces périodes est la possibilité pour le joueur de pratiquer un mini-jeu symbolisant une matière. Ces mini-jeux sont exclusifs à la Wii. Je dois l’avouer, pour une fois, cette manie du jeu rapide est concluante.
La plupart des matières nous renvoient à des exercices vidéo-ludiques distrayants. On retrouvera, entre autres, le dessin (une espèce de puzzle), la chimie (qui est en fait un quick-time event avec mouvements spécifiques à faire avec le combo wiimote/nunchuck) ou encore le sport (un exercice de balle au prisonnier). Ca donnerait presque envie de suivre les cours! L’autre délimitation est le sommeil. Vous n’êtes pas un surhomme et du haut de vos 15 ans, tout sale gosse que vous êtes, à minuit vous tomberez dans les vapes et vous vous retrouverez dans votre lit. La limite de sortie du collège est elle fixée à 22h30. En dehors de cela, c’est la liberté la plus totale, ou presque.
La valse des objectifs
Un gta-like est bien souvent plus une liberté de vitrine qu’un réel affranchissement des limites. Vous allez vous lier d’amitié avec les premiers venus avant d’accomplir méthodiquement des missions ayant pour but de soumettre à vos baskets blanches chaque clan. Le fait est que le brave Jimmy travaille d’abord pour un clan, par exemple les surdoués, avant de le détruire en battant le chef de celui-ci. Avec un tel postulat on a donc droit à une diversité qui fait plaisir à voir. De l’espionnage à la prise de photos compromettantes, en passant par le tabassage d’un type ou la collecte d’objets ou encore la course de bicyclette, il y en a pour tout le monde. Et j’en oublie.
Même si la diversité est au rendez-vous, une certaine répétitivité s’installe. Mais cela est plus la conséquence du genre auquel appartient le jeu qu’au jeu lui-même. Il ne faudrait pas bouder notre plaisir. On tient probablement là le gta-like le plus diversifié du marché. Bien plus qu’un GTA IV, c’est certain. On retrouve donc toutes les formules d’un bon GTA-Like dans ce Bully : la map en petit en haut à droite, le panel d’armes disponible, les différents moyens de locomotion (bicyclette, vélo, skate), le sprint, les coups de poings, de pieds, etc. Là où on innove un peu, sur Wii tout du moins, c’est au niveau des contrôleurs…
Sobre prise en main
Chez Rockstar, on a choisi de jouer la carte du compromis. On dirige Jimmy avec le joystick, lock les ennemis avec "C", frappe en balançant la Wiimote ou le Nunchuk (bras droit/gauche avec la possibilité de coups spéciaux selon un ordre précis ou en maintenant des boutons comme le bouton B pour faire une balayette avec la Wiimote), tapote le bouton A pour sprinter, bouge la caméra avec la croix directionnelle, saisi nos ennemis avec Z, change d’arme avec le bouton "+" ou "-", tire avec B. Voilà pour l’essentiel des contrôles. Il faut s’y faire mais le temps d’adaptation est minime et on prend alors beaucoup de plaisir à se déplacer, bastonner tout ce qui bouge et commettre les pires méfaits de collégien.
On reprochera cependant au soft quelques ralentissements, assez rarissimes néanmoins et ridicules face aux chutes de frame-rate sur la version 360, mais également une réalisation et une animation qui nous font bien plus penser à une version PS2 améliorée qu’à une vraie version Wii. Mais tout cela n’est rien face au plaisir du jeu. Un jeu qui se savoure en solo, même si un mode multi-joueurs est là plus par obligation que par réelle innovation. En effet, le joueur a le choix de se disputer une coupe de 3,6 ou 9 mini-jeux avec un ami et rien qu’un. Les mini-jeux sont ceux qu’on retrouve dans la campagne solo et y rejouer en multi n’a rien de captivant.
Un GTA-Like plutôt très bon !
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Votre aventure sera assez longue, une petite quinzaine d’heures pour finir la campagne solo. Comptez le double pour clore toutes les missions additionnelles. C’est peu par rapport aux autres GTA-Like mais largement suffisant pour éviter l’ennui. On appréciera la variété des phases de jeu allant de mini-jeux délirants aux phases plus classiques d’infiltration, de baston sans oublier les course-poursuites avec les pionts...
Graphiquement, le jeu est correct voir pas mal pour certains environnements. Seulement, la modélisation, l’animation, l'éclairage, le relief ainsi que certaines textures du décor, nous rappellent un peu trop la faible amélioration par rapport à l’opus PS2. Meilleure graphiquement mais rien d’impressionnant.
Au niveau musical, le joueur s’amusera à écouter des thèmes musicaux aussi réussis que multiples. Des faux airs d’Harry Potter aux musiques d’ambiance à la basse jusqu’aux chants de Noël rien ne vous sera épargné. C’est donc avec un grand plaisir qu’on se laisse envahir par une bande son vraiment réussie.
17
/20 : Bully est un très bon GTA-Like, selon moi meilleur et plus ambitieux qu’un GTA IV (trop académique). Grâce à son univers scolaire délirant, ses personnages haut en couleur, son plaisir de jeu et sa grande variété, le joueur tient là entre ses mains une des plus belles réussites du genre. Alliant sarcasmes, pastiche et un brin d’idéologie avec un Hopkins du côté des classes qui souffrent malgré tout. N’hésitez pas une seconde, surtout que cette version est la meilleure de toutes.
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Gameplay : Entre la sobriété et l’innovation. Le gameplay brille par son classicisme (les codes du genre) et sa bonne adaptation du combo de la Wii. La prise en main est rapide, tout comme le plaisir.
Durée de vie : Pour un GTA-Like, dans les 30 heures au total, c’est une petite moyenne. Mais c’est sans importance car on ne s’ennuie pas une seconde.
Graphismes : Une version PS2 améliorée, rien de plus.
Audio : Une bande son suffisamment variée pour ne pas nous ennuyer, on sourit lorsque l’on passe des grelots de noël à la basse un peu funky.
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