Jouons au mécano sur DS !
Depuis que la DS existe, on a pu voir bon nombre de concepts plus ou moins originaux débarquer. De la simulation animale jusqu’à celle de rhétorique en passant par la maîtrise virtuelle d’un scalpel, rien ne nous a été épargné. Pour le meilleur comme pour le pire. C’est donc dans cette veine du concept original que s’inscrit clairement Touch Mechanic. Il fallait y penser, l’idée ne me serait certainement pas venue à l’esprit, mais pourquoi ne pas imaginer une simulation de mécano ? Un postulat simpliste nous ouvrant les portes d’une imagination, on l’espère, débridée. Seulement toute idée ne se révèle pas forcément excellente dans la pratique et souffre quelques fois d’un certain élitisme. Voyage en demi-teinte au pays des joints de culasse.
Je n’ai pour ma part jamais réussi à comprendre la moindre chose en mécanique. Que ce soit la petite réparation bénigne ou la grosse intervention digne des plus grands chefs. Je ne comprends rien et d’ailleurs ne cherche pas à comprendre grand-chose. La simple vue d’un moteur, puisque nous allons parler de voiture, me file le tournis. Trop de choses, d’embranchements, d’éléments à connaître, de petites subtilités, de réglages…quelle horreur ! De toute manière même en ayant le permis je préfère le train. Tout ça pour dire qu’un tel univers m’attire malheureusement aussi peu qu’un énième film d’heroic-fantasy. Mais courageux comme pas deux je me suis quand même laissé tenter par ce Touch Mechanic.
Découvrir la vérité…
Kando, le développeur, pour faire passer la pilule à tout le monde a décidé de créer autour de sa simulation de mécanique une histoire. La pauvre est aussi miteuse qu’une Lada soviétique. Le joueur incarne un jeune adolescent de 17 ans, au charisme aussi plat que les Pays-Bas, décidant d’intégrer le garage d’un certain Capitaine Bob, vieux loup de mer du liquide de refroidissement. Le patriarche confiant vous met à l’essai et décide de vous apprendre la mécanique aussi bien que lui. Il vous héberge et vous donne de l’argent pour chaque intervention pour que vous puissiez vous payer par la suite des voitures et peut-être, votre rêve le plus fou, intégrer une écurie de course. Plus on avance dans l’histoire et plus on est consterné par les clichés et autres poncifs, la narration poussive et surtout les personnages sans âme qui peuplent ce jeu.
En bref, une histoire qui relève plus du prétexte que de la réelle écriture. Une tendance malheureusement généralisée dans les jeux vidéo. Je ne vais pas dévoiler l’histoire ici mais sachez seulement que le jeune mécano que vous êtes cherche à se cacher de la police pour avoir participer avec un ami à un duel automobile formellement interdit. Votre ami est mort, au cours d’une course, et vous vous tentez de vous cacher tout en cherchant à découvrir la vérité. L’histoire est plate et convenue, pour les personnages mêmes défauts. Notre jeune héros a des réactions plus que risibles et ne développe d’émotions que de façon primaire.
Le garagiste Capitaine Bob est lui plus sympathique mais réagit également de manière tout à fait absurde. C’est le mot qui vient à l’esprit quand on lit les dialogues entre les deux principaux protagonistes. Au final on est plus pris d’un fou rire que d’une telle terrible envie de connaître la suite. C’est dommage surtout que la réalisation des protagonistes, style dessin animé lorgnant sur le manga, ne leur apporte aucune épaisseur. Ils sont aussi lisses que l’histoire. Quelle tristesse ! Bien sûr d’autres personnages interviendront par la suite comme Anna travaillant à l’écurie Marshall, souvenez-vous de son rêve fou au jeune mécano, ou l’inspecteur La Gardia. Autant de stéréotypes non voulus à l’épaisseur digne d’un sandwich SNCF. On l’aura compris l’histoire et les personnages ne sont pas le point fort du jeu. Loin de là.
Mechanic Center…
Dès les premiers instants de jeu la similitude avec un Trauma Center saute aux yeux. Comme ce dernier l’histoire est découpée en chapitre. Certains sont purement narratifs avec de simples échanges entre les différents personnages, les autres sont l’occasion de réparer virtuellement tout un tas de voitures. Dans Touch Mechanic, on va à l’essentiel. Outre le mode principal, le mode histoire donc, il n’y a que peu de choses à faire. Sur la carte d’introduction on pourra décider d’aller au garage personnel, là où sont entreposés vos véhicules avec la possibilité de les admirer ou d’installer des pièces ; il est possible également d’aller voir Mc Donnel qui est un vendeur de voitures pour acheter un véhicule ou des pièces, enfin des archives sont à votre disposition pour revivre à n’importe quel moment un épisode réussi.
Le mode histoire vous occupera quelques temps, ne vous attendez pas à des sommets non plus, disons environ six/sept heures. L’aventure se divise en deux grandes parties, une première ressemblant à un grand didacticiel [on écoute et on exécute] et une seconde où l’on est un poil plus libre. Dans cette partie il sera possible de préparer sa voiture pour remporter des concours de tuning, le temple du bon goût. Il n’est pas bien long de finir le jeu seulement le soft est tellement redondant que l’ennui ne tarde point à arriver après seulement quelques opérations. « Comment transposer sur DS une simulation de mécanique ? Facile, autant piquer les bonnes idées d’un Trauma Center ! », voici probablement ce que les gars de chez Kando ont dû se dire un jour. Ils ont beau être français, ça n’en fait pas immédiatement des petits génies. En même temps quand je dis "piquer", j’exagère un peu…
Une armada d’outils …
En effet, les développeurs se sont fortement inspirés de Trauma Center mais ont quand même réussi à insuffler à leur jeu un minimum de singularité. Chaque épisode revient à opérer non un corps mais une voiture, au passage dont la modélisation est réussie. Différents niveaux de zoom sont là pour mieux travailler sur les véhicules. A votre disposition toute une armada d’outils, de la ponceuse au pistolet à peinture en passant par le tournevis. La liste est longue. On compte une dizaine d’outils au total. Chaque véhicule a un problème bien précis, par exemple il faudra sur celle-ci changer le filtre à air, sur celle-là repeindre la jupe arrière et j’en passe. Parfois plusieurs opérations seront nécessaires sur un même véhicule.
Tout se joue au stylet. Autrement dit on sélectionne l’outil puis on s’affaire sur le véhicule. Il faudra parfois tracer des traits pour mimer les coups de masse, passer le stylet sur de la carrosserie pour la repeindre ou faire des mouvements en quart de cercle pour desserrer un boulon. Pour rajouter du challenge un décompte est présent, mais attention pas de temps mais d’argent. Plus on est rapide et plus on gagne. Seulement la difficulté n’est pas au rendez-vous tout comme la variété des missions et au bout de seulement cinq épisodes on se retrouve à faire plus ou moins la même chose : déboulonner, enlever, remplacer, revisser etc…Une bonne idée qui ne tient pas sur la longueur.
Pas le temps de mener carrière…
Il ne fallait pas s’atteindre à une avalanche de surprises et de beautés au niveau musical, vraiment pas. Les quelques bruitages censés nous immerger dans cet univers froid fait de cambouis, d’huile et de liquide refroidissement ne sont pas vraiment réussis. Les rares thèmes musicaux sont eux aussi insignifiants que les personnages. Un musicien ça ne coûe pas très cher et ça a son utilité dans un jeu vidéo, vraiment !
Votre expérience en tant que mécano virtuel ne s’éternisera pas. Ne vous attendez donc pas à des dizaines d’heures de jeu comme certains passent des dimanches entiers dans des festivals de tuning à Plougastel ou à Dunkerque. 6-7 heures pour le mode histoire, qui ne présentera quasiment jamais de difficulté, et une ou deux heures de plus pour votre tuning personnel. Ce n’est pas énorme mais au final on est quand même dans la moyenne haute.
La réalisation est en demi-teinte. Disons que du point de vue des personnages, le jeu nage en plein médiocre. Un chara-design pauvre, des personnages sans saveurs et un garage aussi lugubre que vide. Heureusement les véhicules sont bien modélisés tout comme les pièces même si on s’y perd tant les indications, pour ceux qui n’y connaissent rien, sont maigres.


7
/20 : Touch Mechanic aurait pu avec quelques coups de peinture, de nouvelles jantes et un carénage tout neuf rejoindre la ligue des bons jeux sur DS. Seulement il n’en est rien. Il confirme bien plus l’adage nous disant que les jeux au concept original ne font pas nécessairement les bons jeux. Une bonne idée mais une réalisation en demi-teinte et surtout un concept qui s’essouffle après à peine une heure de jeu. De plus l’histoire et les personnages n’arrangent rien. Bref un bon titre potentiellement mais pas concrètement. Pour les fans de voitures, et encore….
|
Gameplay : Très proche d’un Trauma Center, le gameplay reste de qualité. Tout se joue et répond bien au stylet. Seulement quelques problèmes d’ergonomie et de lisibilité de l’action, surtout dans l’aide qu’on vous propose, plombent le titre.
Durée de vie : L’histoire n’est pas bien longue mais elle vous occupera quand même quelques heures. Si vous aimez le tuning alors rajoutez une ou deux heures de plus.
Graphismes : On est partagé entre le mauvais et le bon. Mitigé, donc.
Audio : Les bruitages sont globalement ratés. On n’y croit pas une seconde et le tout manque de réalisme. Ajoutez à cela des thèmes musicaux, rares, assez insignifiants.
|
|